Présentation
La cellule à enclumes de diamant ou DAC (Diamond Anvil Cell) permet de réaliser des expériences sur des matériaux solides ou fluides sous des conditions extrêmes de température et de pression. Le laboratoire dispose d’une dizaine de cellules diamants qui diffèrent principalement par les dimensions de la surface des tablettes et permet ainsi de couvrir une large gamme de pression, de 1 à 150 GPa. Le couplage avec un faisceau laser infrarouge continu puissant permet de monter progressivement la température d’une zone d’intérêt d’un matériau de 1600 à 5000 K.
L’incertitude maximale sur les mesures de température et de pression est de 5%.
La DAC vient s’ajouter aux équipements de plus basse pression du laboratoire comme les presses multi-enclumes utilisées pour des échantillons de plus gros volumes (du mm3 au cm3), les systèmes piston-cylindre pour les volumes de quelques cm3.
Cellule à Enclumes Diamant de type Chervin |
Un échantillon de taille micrométrique inséré dans une chambre expérimentale formée par un joint métallique pré-indenté et percé par électroérosion ou par ablation laser repose entre les tablettes de deux diamants à géométrie conique de type Boehler-Almax. Les diamants sont transparents aux rayonnements, des X aux IR, et possèdent une large ouverture angulaire. L’échantillon est centré dans un milieu transmetteur de pression ductile. Une membrane à gaz reliée à un gonfleur à hélium permet de contrôler précisément la force appliquée sur les sièges en carbure de tungstène de la cellule sur lesquels reposent les diamants. La pression induite dépendant du volume expérimental et de la taille des diamants est déduite de la variation de la longueur d’onde de l’une des raies de fluorescence d’un rubis dopé placé proche de l’échantillon. Le raman du diamant est mesuré pour des pressions supérieures à 40GPa.
DAC de type Letoullec avec sa membrane |
DAC dans son support refroidisseur. Objectifs réfléchissants « Schwarzschild » recueillant la lumière émise de l’avant et de l’arrière de la DAC |
Le dispositif expérimental monté sur une table optique est constitué de la DAC placée avec sa membrane à gaz, d’un système optique spécifique pour l’imagerie, le guidage, l’alignement, la focalisation des lasers, de l’optique de transfert qui achemine la lumière vers un spectromètre à double réseaux l’un pour la mesure de la température et l’autre pour la mesure de la pression. Le dispositif est conçu de manière à pouvoir réaliser des mesures de températures du point chaud de l’échantillon issues de chacun des côtés de la cellule. Le rayonnement thermique, luminescent ou raman diffracté par le réseau dédié du spectromètre est cartographié par une CCD. L’analyse des spectres se fait avec le logiciel T-Rax de Clemens Prescher. La platine de positionnement de la DAC, des deux objectifs « Schwarzschild », de la caméra, une partie de l’optique et le spectromètre sont pilotés par des logiciels commerciaux. Un programme réalisé au laboratoire permet le contrôle des lasers infrarouges.
Quelques images d’échantillons obtenues « in situ » avec la caméra haute résolution :
La température est calibrée à partir de la loi de Planck avec l’approximation du corps noir. Utilisation de la technique du fil chauffé par effet Joule et étalonné sur le point de fusion de deux sels.
Les applications pour les sciences de la terre :
- Etudes des propriétés de fusion de matériaux géologiques: solidus, liquidus du manteau chondritic jusqu’au CMB.
- Homogénéisation d’inclusions vitreuses, solubilité de l’eau dans les minéraux.
- Etude de matériaux en fonction de la pression, transformation de phase, transformation polymorphique.
L’analyse du matériau transformé ou recuit peut se poursuivre « in situ » en spectroscopie Raman, rayonnement infrarouge, rayons X (fluorescence, diffraction, absorption) et/ou caractérisé par MEB après extraction de la CED.
Equipements utilisés pour la préparation et le chargement de la cellule diamant :
Stéréomicroscopes, « Electric-Discharge-Machine » pour l’usinage par électroérosion, étuve, gonfleur à hélium, contrôleur d’épaisseur.
Le contrôle des conditions expérimentales comprenant la qualité de la surface de l’échantillon, son épaisseur, la nature et l’épaisseur du joint métallique, la nature et l’épaisseur du milieu transmetteur de pression est essentiel pour minimiser les gradients de température et de pression, limiter le risque de « crack » des diamants et ainsi garantir le succès d’une expérience à HT et HP.
Le dispositif expérimental a été assemblé entièrement au laboratoire en 2018. Son développement technologique se poursuit afin d’affiner les méthodes expérimentales et obtenir un meilleur contrôle des conditions (P, T, fO2).
Contacts : Denis Andrault, Laure Pison
Mise à jour : Sylvie Demouchy