A la fin de l’ère primaire, la plus grande extinction de tous les temps rayait de la carte 90% des espèces alors existantes. On considère habituellement que les cinq premiers millions d’années suivant cette crise furent caractérisés par une biodiversité extrêmement faible. Cependant, un nouveau gisement paléontologique situé près de Paris, Idaho (USA) lève le voile sur une diversité d’êtres vivants aussi spectaculaire qu’inattendue moins de 1,5 millions d’années après la crise, questionnant la validité d’un tel scénario. Publiée le 17 Février dans la revue Science Advances, cette découverte a été réalisée par une équipe internationale (France, USA, Suisse, Pays de Galles, Suède et Luxembourg) coordonnée par Arnaud Brayard (Laboratoire Biogéosciences, CNRS-Université de Bourgogne Franche-Comté) et impliquant cinq laboratoires français dont le LMV.
Au total, les fossiles de Paris Canyon illustrent une biodiversité plus grande et un écosystème marin bien plus complexe que ceux décrits jusqu’à présent pour le Trias inférieur. Plus surprenant encore, dans une biosphère encore profondément perturbée par la crise PT, le biote de Paris Canyon associe des groupes anciens, survivants de l’ère primaire, et les premiers représentants de groupes modernes, encore présents dans la nature actuelle. A quel point un tel écosystème constitue la règle ou l’exception durant les premiers millions d’années post-crise reste une question ouverte. Une chose cependant est désormais acquise : à la frontière entre deux mondes, et dans le prolongement direct d’une crise biologique et environnementale majeure, le Trias inférieur est une période charnière de l’histoire de la vie sur Terre. Une période complexe, perturbée, mais certainement pas dévastée ; une période qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets !
Ces travaux sont actuellement financés par l’Agence Nationale de la Recherche (projet « AFTER » 2013-2017).
Référence :
Unexpected Early Triassic marine ecosystem and the rise of the Modern evolutionary fauna
- Brayard, L.J. Krumenacker, J.P. Botting, J.F. Jenks, K.G. Bylund, E. Fara, E. Vennin, N. Olivier, N. Goudemand, T. Saucède, S. Charbonnier, C. Romano, L. Doguzhaeva, B. Thuy, M. Hautmann, D.A. Stephen, C. Thomazo, Gilles Escarguel
Publié dans Science Advances le 15 Février 2017 (vol. 3, e1602159).