Un mécanisme de glissement de flanc de volcan inédit révélé par l’imagerie satellitaire

Les dépôts d’avalanche de débris au large des îles volcaniques témoignent de glissements de flancs
récurrents. Comprendre l’origine des déstabilisations de flanc des volcans est un enjeu majeur,
puisque les tsunamis et séismes qu’elles engendrent sont responsables de 24 % des décès liés au
volcanisme. La forte activité du Piton de la Fournaise (2,5 éruptions/an) et le suivi
systématique de ses déplacements par imagerie satellitaire depuis plus de 20 ans, font de ce
volcan un laboratoire naturel qui, bien souvent, éclaire sur le fonctionnement d’autres volcans
à l’activité moins intense. Des chercheurs du Laboratoire Magmas et Volcans (CNRS,
Université Clermont Auvergne) et de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise
(Institut de Physique du Globe de Paris) proposent un nouveau mécanisme de glissement de flanc.
En interprétant, par des simulations numériques, les 57 éruptions imagées entre 1998 et 2020, les
chercheurs montrent que la plupart des fractures magmatiques sont guidées par une structure
majeure en forme de cuillère, ouverte vers la mer. Cette structure est connectée, en surface, à des
zones d’intrusions préférentielles bien connues sur le terrain. L’étude révèle un mécanisme
de glissement inédit, caractérisé par un continuum allant de l’ouverture au glissement pur. Lorsque
le magma s’injecte dans la partie verticale de la structure, il l’ouvre, mais lorsqu’il force son
passage dans la partie horizontale, celle-ci coulisse et entraîne avec elle l’ensemble du flanc
vers la mer. Cette structure se termine par une faille sismique, activée lors d’une éruption en
2007, mais qui est pour l’instant bloquée. A l’échelle des temps géologiques, des injections de
magma répétées dans ce type de structure pourraient conduire à des séismes importants ou à des
effondrements catastrophiques des flancs.

En savoir plus
22 years of satellite imagery reveal a major destabilization structure at Piton de la Fournaise –
Nature Communications
Quentin Dumont, Valérie Cayol, Jean-Luc Froger, Aline Peltier
https://doi.org/10.1038/s41467-022-30109-w

Contact
Quentin Dumont
Chercheur de l’Université Clermont-Auvergne au Laboratoire magmas et volcans (LMV) / OPGC Quentin.DUMONT@uca.fr