Les fossiles constituent une source inestimable d’informations sur l’évolution de la vie au cours des temps géologiques. Néanmoins, les premières formes de vie sur Terre demeurent méconnues ; en cause : la dégradation inévitable que subissent les microorganismes au cours des processus de fossilisation. Il est communément pensé que la chimie originelle des microorganismes fossilisés au sein des plus vieilles roches terrestres (> 2 milliards d’années) a été totalement dégradée au cours de leur histoire géologique.
Des chercheurs de l’Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie (CNRS/MNHN/UPMC/IRD) et du Laboratoire magma et volcans (CNRS/Université Jean Monet/Université Blaise Pascal/IRD) ont pour la première fois identifié la présence de fragments de protéines relativement peu dégradés dans des microorganismes fossilisés il y a presque 2 milliards d’années. Il s’agit des plus anciens restes de protéines retrouvés dans des fossiles. Cette étude montre que des molécules issues du vivant, pourtant considérées comme fragiles, peuvent être préservées au sein de roches très anciennes. Elle suggère ainsi qu’il sera bientôt possible de reconstituer la nature chimique des plus anciennes formes de vie sur Terre, à partir de leurs restes fossiles.
Référence : Alleon J., Bernard S., Le Guillou C., Marin-Carbonne J., Pont S., Beyssac O., McKeegan,
K.D. & Robert F. Molecular preservation of 1.88-Ga Gunflint organic microfossils as a function of
temperature and mineralogy. Nature Communications 7, 11977, 2016 – doi: 10.1038/ncomms11977.