Lundi 6 février, un violent tremblement de terre a touché la Turquie et la Syrie. Un séisme semblable pourrait-il se produire en Auvergne ? La probabilité serait « faible” selon Jean Battaglia, responsable scientifique du réseau sismologique d’Auvergne.

Des tremblements de terre longs, violents, meurtriers. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier les deux séismes de magnitude 7.8 et 7.5 sur l’échelle de Richter qui ont touché le sud de la Turquie et la Syrie, le 6 février.

En Auvergne, la terre a déjà tremblé causant d’importants dégâts. En effet, en 1490, un important séisme, appelé “séisme de Limagne », a eu lieu. Un tremblement de terre estimé à une magnitude entre 5.0 et 5.7 qui a secoué le nord-ouest de Clermont-Ferrand.  Le plus violent connu à ce jour. Jean Battaglia, chargé de recherche au CNRS et responsable scientifique du réseau sismologique d’Auvergne fait le point sur les risques sismiques en Auvergne.

Une activité sismique “modérée »

Le gouvernement français a classé le territoire en différents niveaux selon les zones de sismicité : de très faible à très forte. En Auvergne, l’activité sismique ne dépasse pas le niveau 3 correspondant aux zones de sismicité modérées.

Jean Battaglia nous explique ce que cela signifie : « En France métropolitaine, il y a plusieurs zones de sismicité. Elles se situent dans les Alpes, les Pyrénées ou l’Est de la France, par exemple. Et il y aussi l’Auvergne où il y a une activité sismique : des normes de construction parasismiques existent. On peut donc potentiellement avoir des séismes “modérés” ». En Auvergne, l’activité sismique est très sporadique, comme l’explique le chargé de recherche au CNRS : « Les zones de plus forte sismicité sont les Combrailles. Il y a aussi la zone de Saint-Flour dans le Cantal, le fossé d’Ambert dans le Puy-de-Dôme et le Mont-Dore où il y a un essaim sismique depuis plus d’un an maintenant ».  Jean Battaglia nous précise pourquoi l’Auvergne peut accueillir cette activité sismique : « Dans les Combrailles, vous avez tout un tas de petits jeux de failles sismiques. Il y a quelques failles un peu principales comme celle du sillon houiller ».

Le risque de séisme violent est faible

Mais est-il probable qu’un jour, un violent tremblement de terre secoue l’Auvergne ? Très peu probable selon le spécialiste : « Dans l’état actuel de nos connaissance, Il n’’y a aucune raison de penser qu’il y ait en Auvergne des séismes aussi importants qu’en Turquie et en Syrie. Ce sont des séismes d’une magnitude de 7.5 et 7.8. Ici, le plus important tremblement que l’on ait eu a été estimé entre 5.0 et 5.7 sur l’échelle de Richter. On est à deux ordres de magnitude au-dessus en Turquie. Nous ne sommes pas du tout dans la même gamme ».

Jean Battaglia nous détaille les quelques raisons de la très faible probabilité d’un épisode sismique violent : « Nous sommes au milieu d’une plaque plutôt qu’en bordure de plaque. Donc les accumulations de contraintes sismiques sont faibles. Il n’y a pas vraiment de raisons d’avoir des séismes aussi violents. Ce sont de petits mouvements. Typiquement, du côté de Saint-Flour, c’est parce qu’il y a un fossé d’effondrement avec des failles tectoniques qui sont un peu mieux déterminées. Tout cela reste assez faible. Toutefois, je ne peux pas vous garantir qu’il n’y aura pas un séisme de la taille de celui du XVème siècle. On ne peut pas le prédire ».

« On ne peut pas prédire un séisme »

Jean Battaglia est catégorique : il est impossible de prédire un séisme. En revanche, grâce aux données historiques, dans certaines régions du monde il est possible d’évaluer des périodes de récurrence moyennes. Pour ce qui est de la région Auvergne : « Si des séismes ont eu lieu à la fin du XVème siècle, c’est que, potentiellement, ils peuvent se reproduire. Mais, comme ils sont assez rares, on ne connaît pas leur taux de récurrence. Si on est sur une zone de subduction, on sait que tous les 70 ans ou 100 ans par exemple, il va y avoir un séisme fort parce que, déjà, historiquement, il y en a eu tout un tas qui ont été enregistrés. Et donc, on estime approximativement qu’il y aura un taux de récurrence de 70 ou 100 ans et non de 500 ans. Attention, ce n’est pas de la prédiction de séisme. En Auvergne, il y a eu un tremblement de terre au XVème siècle mais avant cela on ne sait pas. Il n’y a pas d’écrits. Alors, peut-être, cela aura lieu dans 50 ans ou 100 ans, on n’en sait rien. On n’en a pas la moindre idée ».

En Auvergne, l’activité sismique est surveillée de près : « On connaît de mieux en mieux la sismicité parce que depuis une douzaine d’années un projet a été mis en place pour mettre à jour l’équipement sismique pour avoir une couverture beaucoup plus homogène et des capteurs plus sensibles. Car plus on a de capteurs, plus on peut enregistrer de séismes, de petits séismes, surtout. En Auvergne, une vingtaine de capteurs mesurent l’activité sismique », détaille le chargé de recherches au CNRS.

Un risque volcanique ?

Si, un jour, un séisme secoue l’Auvergne, les volcans d’Auvergne pourraient-ils se réveiller ? Aucun risque selon le spécialiste : « La sismicité qu’on enregistre est d’origine tectonique. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas induite par des remontées de magma. Le volcanisme est donc peu impliqué à ce niveau-là ».

Le 9 mai 2022, un séisme de magnitude 4.5 sur l’échelle de Richter a été ressenti dans les Combrailles, à la limite entre le Puy-de-Dôme et l’Allier. Sans faire de victimes, ni de dégâts.

 

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