L’épisode sismique exceptionnel dans la durée, et marqué par plusieurs centaines de microséismes très localisés, semble marquer le pas dans le Sancy. Plus rien depuis décembre, mais la surveillance pourrait évoluer. L’activité sismique exceptionnelle enregistrée dans le Sancy semble avoir marqué le pas.

1. L’épisode
Entre 350 et 400 microséismes ont été enregistrés entre fin 2021 et novembre 2022. Tous dans une zone de six kilomètres sur trois seulement (secteur du lac Chambon), et à très faible profondeur (4 à 5 km).

L’essaim sismique est localisé sur une zone de six kilomètres sur trois, autour du lac Chambon. Document BCSF-RéNaSS. 

D’une intensité inférieure ou égale à 3 sur l’échelle de Richter, ces tremblements de terre ne sont pas – ou très peu – perceptibles par les habitants. Et ils n’ont provoqué aucun dégât ou déformations visibles du sol.

2. Plus rien depuis novembre
Le pic d’activité a été relevé en juillet : jusqu’à une quarantaine d’épisodes sismiques en moins de 48 heures.

Enregistrements et observation à Beaune-Le Froid cet été 2022. 

Puis l’activité s’est éteinte fin août. « On est passé à un ou deux jours d’activité une fois par mois, en septembre, en octobre et novembre. On s’attendait donc à un nouvel épisode vers Noël, mais non », résume Guillaume Boudoire, enseignant chercheur au Laboratoire magmas et Volcans (LMV).

Depuis, plus rien sur les deux stations temporaires déployées en plus du dispositif permanent national. Faute de pouvoir trancher sur une hypothèse expliquant le phénomène, les chercheurs ne savent pas à quoi s’attendre pour les mois à venir. Ils écartent en revanche l’hypothèse d’une réactivation magmatique prochaine dans les monts Dore.

3. Pas de signe d’activité magmatique
Guillaume Boudoire explique qu’aucune sismicité ascendante (marqueur possible d’une remontée de magma) n’a été observée. Pas, non plus, de marqueurs annonçant du magma à faible profondeur (analyse des sources et de leur gaz notamment). « C’était une hypothèse qu’il ne fallait pas exclure : nous sommes dans une zone que l’on considère comme endormie à l’échelle des temps géologiques. »

4. Tout reste à expliquer
L’enregistrement de microséismes n’est pas une surprise dans ce secteur de failles, surveillé depuis longtemps. Guillaume Boudoire rappelle notamment des épisodes, enregistrés dans les années 1970 et 80, puis en 2008 et 2013. Mais celui-ci soulève plusieurs interrogations. Les observateurs n’ont pas, non plus, de certitudes quant à l’origine de ces mouvements.Les failles sont des zones de décharge et de réalignement de forces dont la mobilisation pourrait avoir pour origine des circulations de fluides (eaux ou gaz remontant du manteau terrestre par exemple). Ici, le chercheur n’envisage pas un impact du réchauffement climatique (comme cela peut être envisagé avec la fonte de grands glaciers andins).

Cet épisode exceptionnel montre en tout cas l’intérêt à renforcer et affiner la surveillance de cette zone. En ce début janvier, les chercheurs du LMV se sont rendus en vallée de Chaudefour afin de déplacer l’une des stations temporaires installées en 2022. Elle fait partie des outils qui vont renseigner l’étudiant en master II recruté pour caractériser et comprendre cet épisode (1).

Au-delà, Guillaume Boudoire et Lydie Gailler, physicienne adjointe, copilotent un projet de renforcement du réseau d’observation permanente dans le massif (2). Ils envisagent la pérennisation d’au moins une station temporaire, et l’achat de deux autres pour affiner le maillage du réseau national de surveillance sismique et géodésique national sur le secteur.

(1) Son sujet : « Suivi des variations de résistivités et des anomalies thermiques à l’aplomb des édifices volcaniques : étude d’un système sismogène dans les Monts Dore ».

(2) Proposition actuellement en discussion avec l’Université de Clermont Auvergne et l’État).

Source :

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/pourquoi-presque-400-microseismes-en-un-an-et-plus-rien-depuis-decembre-dans-le-secteur-du-mont-dore_14242259/